Danse Musique

L’Histoire Incroyable de la Salsa Cubaine : Entre Rythmes et Passions

La salsa cubaine est un univers en perpétuelle ébullition, une alchimie parfaite entre la musique et la danse qui, ensemble, tissent une toile vibrante et profonde. À travers les décennies, ce style singulier est devenu l’épicentre d’une culture universelle qui transcende les frontières géographiques, émotionnelles et culturelles. Cette épopée musicale et chorégraphique trouve ses racines dans l’histoire coloniale et les mouvements sociaux de Cuba, où traditions africaines et européennes se sont entrelacées pour donner naissance à un art syncrétique.

Les origines musicales : une alchimie afro-européenne

Pour comprendre la genèse de la salsa cubaine, il faut revenir à l’époque coloniale. Entre le XVIIe et le XIXe siècle, Cuba était une plaque tournante du commerce triangulaire. Les esclaves d’Afrique de l’Ouest, déportés sur l’île, apportèrent avec eux leurs instruments et traditions rythmiques, qui s’imbriquèrent progressivement avec les musiques européennes, en particulier espagnoles.

Les premiers fondements de la salsa se trouvent dans le son cubain, un genre musical né au XIXe siècle à l’est de Cuba, notamment dans les régions de Santiago de Cuba et de Guantánamo. Le son est le fruit d’une fusion entre la guitare espagnole et les percussions africaines. Les instruments emblématiques incluent la guitare, le trés (une guitare à trois doubles cordes), la clave, les bongos, et les maracas. Le son cubain marqua un tournant dans la musique populaire cubaine grâce à sa structure rythmique en “clave”, un motif énergique et cadencé qui deviendra l’ossature de la salsa.

Au début du XXe siècle, le son cubain s’urbanise, quittant les champs de canne à sucre pour les salons et les clubs de La Havane. Des groupes comme le Sexteto Habanero et le Septeto Nacional donnèrent au son une portée nationale et, bientôt, internationale. Dans les années 1930, le mambo et la rumba, également issus de ce mélange afro-cubain, commencèrent à influencer les évolutions musicales, préparant le terrain pour la naissance de la salsa.

L’évolution vers la salsa

Le terme “salsa” lui-même n’est apparu qu’à la fin des années 1960, mais son essence était déjà présente bien avant. Après la révolution cubaine de 1959, beaucoup de musiciens cubains ont émigré aux États-Unis, notamment à New York, emportant avec eux leur riche héritage musical. Dans cette ville cosmopolite, ils rencontrèrent d’autres genres musicaux caribéens et afro-américains, comme le jazz, le boogaloo et la musique portoricaine. Le mélange de ces influences donna naissance à une musique plus électrique, plus rapide, et plus structurée, que l’on appela “salsa”.

Cependant, la salsa cubaine se distingue de celle d’autres pays, comme Porto Rico ou le Venezuela, par sa forte ancrage dans le son cubain traditionnel et ses motifs rythmiques complexes. Les orchestres comme Los Van Van, fondé par Juan Formell dans les années 1970, reprirent le flambeau en modernisant le genre avec des éléments de funk, de rock et de pop.

Les dimensions sociales et culturelles de la salsa

La salsa cubaine ne se limite pas à la musique ou à la danse. Elle est une expression de la résistance culturelle, de l’identité nationale et de l’interaction sociale. Dans les quartiers populaires de La Havane, la salsa a toujours été un moyen de célébrer la vie quotidienne, d’échapper aux difficultés économiques et de renforcer les liens communautaires. La danse, en particulier, joue un rôle central dans ces interactions : elle est une forme de dialogue non verbal, un espace de séduction et de complicité.

Dans le contexte international, la salsa cubaine a également servi de pont entre différentes cultures. Les festivals de salsa, organisés dans le monde entier, attirent des milliers de participants qui partagent une passion commune pour cet art. Ces événements sont l’occasion de célébrer la diversité culturelle tout en mettant en lumière l’importance des racines cubaines.

La salsa comme danse : une explosion de mouvements

La salsa n’est pas seulement un style musical, c’est aussi une danse vibrante et passionnée qui traduit en mouvements l’énergie de la musique. La salsa cubaine, connue sous le nom de “casino” à Cuba, trouve ses racines dans les danses de salon européennes (comme le menuet et la contradanza), enrichies par la gestuelle et les rythmes africains apportés par les esclaves.

Le casino est caractérisé par des pas circulaires, des jeux de bras complexes et une improvisation constante. Contrairement à la salsa en ligne, très codifiée, la salsa cubaine met l’accent sur une interaction fluide entre les partenaires, créant une conversation corporelle rythmée et ludique. Ce style reflète la culture cubaine elle-même : spontanéité, chaleur humaine, et joie de vivre.

Dans les années 1990, la popularité mondiale de la salsa cubaine a été renforcée par des festivals internationaux et des tournées de groupes cubains. Des professeurs de danse à travers le monde commencèrent à enseigner le style casino, et il devint rapidement l’un des styles les plus dansés dans les salles de danse sociales.

Les instruments emblématiques de la salsa cubaine

Un élément essentiel de la salsa cubaine est son instrumentation, qui traduit la richesse culturelle et l’énergie du genre. Parmi les instruments clés, on retrouve :

  • La clave : Ce petit instrument en bois produit un motif rythmique fondamental qui structure toute la musique.
  • Les congas : Ces tambours apportent une profondeur rythmique et une chaleur à la musique.
  • Les trompettes et les cuivres : Ces instruments donnent à la salsa son caractère festif et éclatant.
  • Le piano : Il apporte des harmonies riches et des montunos, des motifs répétitifs qui servent de base à l’improvisation.
  • Le trés : Instrument à cordes typiquement cubain, il relie la salsa à ses racines dans le son.

La salsa cubaine dans le monde moderne

Aujourd’hui, la salsa cubaine continue d’évoluer, s’adaptant aux tendances tout en conservant son essence traditionnelle. Des groupes comme Gente de Zona, qui mélangent salsa et reggaeton, incarnent cette modernisation. De même, la danse casino a donné naissance à des formes collectives comme la “rueda de casino”, où plusieurs couples dansent en cercle, effectuant des figures synchronisées annoncées par un leader.

Dans les salles de danse du monde entier, la salsa cubaine reste un pilier des soirées latines. Elle continue d’attirer des amateurs de tous horizons, fascinés par sa musique vibrante et ses mouvements fluides.

Conclusion : un héritage universel

La salsa cubaine est bien plus qu’un simple genre musical ou une danse. Elle incarne une philosophie de vie, une célébration de la résilience, et une expression collective de joie et de créativité. À travers ses racines historiques, son évolution musicale et chorégraphique, elle a su s’adapter et s’imposer comme un langage universel de la fête et de l’émotion. Aujourd’hui, la salsa cubaine continue de captiver des millions de passionnés à travers le monde, unissant des générations et des cultures dans une même ferveur rythmique. Plus qu’un art, elle est une ode à l’humanité et à son inépuisable capacité à transformer la douleur en beauté et la diversité en harmonie.

1* Pour aller plus loin, nous vous invitons à lire Le Livre de la Salsa, le fabuleux livre de César Miguel Rondón.

2* Cet article vous est offert par les équipes YuRdance et Afro Y Latino (Saint-Germain-en-Laye / Maisons-Laffitte).

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